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EYGALAYES offre à nouveau sa Place à une femme

(Article du Dauphiné Libéré du 12 février 2001)

Madame Francoise Colin est une femme. Une femme, une épouse, une mère, une parente, une collègue, une amie. Rien de plus ! Loin de la très médiatique Laetitia Casta, cette personne a donné hier son nom à la Place du village d'Eygalayes, petit village d'irréductibles drômois perdu dans les montagnes des hautes Baronnies.
Pour bien comprendre ce que Laetitia Casta et Madame Colin ont à faire ensemble, il faut revenir à l'initiative originale et un peu loufoque du maire d'Eyagalyes, Jacques Laurent, de détourner l'élection par les 36 000 maires de France (élection alors controversée) d'un top model pour incarner les vertus de la République. A la fin de 1999, Jacques Laurent lance depuis son petit village de 75 habitants du sud de la Drôme une souscription nationale qui permet de financer un projet d'aménagement paysager tout en rendant hommage à toutes les femmes de France.

Jacques Laurent, maire d'Eygalayes est à l'origine de cette initiative un peu loufoque...
L'opération est audacieuse et plait aux médias. Il s'agit de donner, moyennant une souscription de 50 F. (qui serviront à embellir le village) la possibilité à toute inconnue de devenir pour un an, après tirage au sort, l'effigie du lieu en donnant son nom à la seule Place du village. L'année dernière le sort avait désigné Pascale Verges, 37 ans, chimiste et mère de famille du Vaucluse, pour donner ainsi, le jour de la Saint Valentin 2000, son nom à la Place d'Eygalayes.

Jacques Laurent et Pascale Verges, la précédente égérie du village, dévoilent le nom de l'heureuse gagnante
Ce clin d'oil malicieux ne fut pourtant pas du goût de tous. Des parlementaires devaient s'élever contre une " nomination d'un lieu public de manière contrevenante aux règles dictées par l'usage ." Des règles qui veulent, soit dit en passant, que 95% des noms de lieux publics portent le nom d'hommes, souligne un Jacques Laurent visiblement contrarié que l'on puisse à ce point manqué d'humour. Malgré la procédure administrative lancée contre lui par le préfet de la Drôme à la demande du ministre de l'intérieur, le maire d'Eygalayes, soutenu par un Conseil Municipal composé majoritairement de femmes, a néanmoins décidé de reconduire cette année encore l'opération.

Le maire remet à Pascale Verges la plaque qui a porté son nom pendant un an
Et hier, dimanche 11 février donc, devant une nuée de journalistes, photographes, cameramen et une cinquantaine de villageois, c'est Madame Françoise Colin, 67 ans, veuve retraitée, mère de famille, trois fois grand-mère, domiciliée à Dijon où pendant de très longues années elle tint une entreprise de restauration de bonne réputation sur la Place Royale, qui fut désignée par le sort. Contactée aussitôt par Jacques Laurent qui lui annonçait la bonne nouvelle, Françoise Colin un peu surprise quand même, devait se déclarer " ravie de cette désignation et impatiente de venir découvrir la Place qui porte désormais son nom ".

le maire et son hégérie 2000
C'est en présence de la précédente égérie du village, Pascale Verges, qui avait fait le déplacement depuis Vedène en Avignon, que la nouvelle plaque, hâtivement peinte par le maire, était apposée devant la mairie qui fait face à la Place en question. La plaque précédente, portant le nom de Pascale Verges, lui fut solennellement remise et c'est avec un sourire radieux qu'elle devait l'emporter " en souvenir d'un merveilleux village pour la mettre en bonne place dans mon jardin ", devait-elle déclarer. Notons que le tirage au sort désignait également deux Dauphines à ce baptême de la Place aux Femmes d'Eygalayes édition 2001 : Madame Anabela Garcia, assistante commerciale de 27 ans à Fontaine les Dijon et Madame Ute Braun une jeune femme allemande francophile de Wettenberg à coté de Frankfurt qui gagnent toutes deux un séjour en week-end sur les " Routes de la Lavande ".

La nouvelle Plaque au nom de Françoise colin est fixée au murs de la mairie qui domine la Place
Environ 900 femmes anonymes avaient souhaité participer à cette opération. Des demandes qui venaient non seulement de toute la France mais également de nombreux pays européens où les médias les plus divers avaient relayé l'opération. Il semble néanmoins que la nouvelle souscription ait eu du mal à trouver un second souffle. 650 contributions avaient été enregistrées l'année dernière et seulement 250 nouvelles participantes se sont inscrites cette année.

Pour un an, ce sera la Place Françoise Colin
Quelle que soit l'issue juridique de l'affaire, il est probable que ce second baptême destiné à faire une " Place aux Femmes " à Eygalayes, sera aussi le dernier dans ce village. Et même si l'on peut penser que les requêtes pour annulation seront diligentées à l'avenir avec moins de zèle depuis que le poste de sous préfet à Nyons est occupé par une sous-préfète (Sylvie Favier), Jacques Laurent ne cachait pas, hier, son souci de transmettre, dés l'année prochaine, ce " sympathique événement " (dont le concept a été déposé à l'I.N.P.I.) à toute autre commune qui en ferait la demande. Plusieurs contacts ont déjà été noués et des pistes pour la succession sont en vue. Il faudra cependant sans doute attendre les prochaines élections municipales pour annoncer le nom de la commune qui prendra le relais et offrira, elle aussi, aux femmes, une bien jolie Place au soleil.

Texte et Photos d' Alain Bosmans

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